Simon Volser, ancien champion d’apnée :
A partir de 35 mètres, l’air est tellement comprimé dans mon corps, que je chute comme une pierre. Avec la pression, mes poumons ressemblent à deux balles de ping pong … je suis un condensé de moi-même.
Battements de cœur forts.
Il ne parle plus, mais sa voix intérieure se prolonge par un chuchotement dans le casque pendant qu’il enfile sa combinaison dans des gestes mesurés :
Chaque minute compte. Je dois accepter la pression, la faire mienne. Tenir, le plus longtemps possible. Je tiens mes organes dans mes mains, je dicte mes règles, je suis un conquérant de l’impossible, je pense aux alpinistes qui touchent le ciel, aux cosmonautes qui défient l’espace, aux pompiers qui traversent le feu (Il attrape une pierre ronde, qui permet aux apnéistes de peser dans l’eau), j’appartiens à la caste des surhommes, de ceux qui jouent aux cartes quand tout explose, et pour gagner la minute ultime, cette minute impossible qui torpille tous les scores, j’appelle mon enfance, je caresse gentiment la joue de ceux qui m’ont maintenu la tête sous l’eau, et d’une seule main, j’appuie fermement sur leur visage, jusqu’au sol, jusqu’à les enfermer sous un grand lac droit et gelé, et je marche, pieds nus, surpuissant et tellement cool, bercé par le tam-tam de leurs petits poings qui tapent à l’aide sous la glace.
Il prend une immense bouffée d’air.
Allez vous faire foutre, moi je suis du bon côté et j’y reste.
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